jeudi 31 mars 2016

Lundi 28 mars – Le pouvoir est entre nos mains

Le flux de messages que je vois passer sur FaceBook a fini par me faire tourner la tête. Je me suis demandé si tout le monde était conscient du rôle qu'il jouait à travers les réseaux sociaux, et ça m'a donné envie de proposer une réflexion sur la peur, l'espoir, l'information et l'intelligence.

Voilà le résultat :


samedi 5 mars 2016

Samedi 5 mars 2016 – L'amour autrement

Dans l'une de mes pages consacrées à Mayantuyaku, je parlais de ma rencontre avec Guido et du beau texte qu'il nous avait lu concernant sa façon d'envisager la relation amoureuse. Guido m'a envoyé ce texte par mail et a accepté que je le reproduise ici. Ça décoiffe et j'aime bien ! Le voilà :


Et si « je t’aime » pouvait ne signifier « rien d’autre » que : « Je t’ouvre mon cœur, j’ai envie que tu sois dans ma vie, d’une manière ou d’une autre, je me réjouis que tu y sois et j’en suis heureux-se, et je souhaite être accueilli dans ton cœur, et dans ta vie, d’une manière ou d’une autre. Je souhaite te chérir et me laisser chérir par toi. Là, au présent. Et si ça dépasse juste ce présent, je souhaite prendre soin de toi quand il me semblera que tu en as besoin, ou que tu le demandes, et je souhaite pouvoir compter sur toi de même (tout en sachant l’un et l’autre qu’il y a des moments, pour toutes sortes de raisons qu’il n’est même pas nécessaire de commenter, où il nous est moins, voire pas du tout, possible, d’être là – un peu comme si mon père est mourant, je ne vais pas pouvoir être à côté de mon fils qui doit soudainement se faire opérer d’une appendicite, ou si je suis en voilier avec une amie en Patagonie, je ne vais pas pouvoir soutenir cette autre amie que son mec a brusquement larguée, ou si c’est le soir de la première du spectacle où mon fils joue le rôle principal, je ne vais pas venir à cette fête costumée sur le thème “sexualité transgressive” où tu me demandes de t’accompagner – et où j’adorerais pourtant aller faire des trucs transgressifs avec toi !) »

Et il peut y avoir des moments où on est plus distants, silencieux, voire même absents. Et peut-être même que ça ne dure pas longtemps ; même pas au-delà de cette nuit (mais cette nuit, « je t’aime »). Et de toute façon, ça peut se terminer, définitivement ou momentanément, mais sans en faire un drame (toujours en s’aimant, d’une certaine manière – c’est pour ça qu’en fait je crois que ça ne se termine jamais).

Tout ça sans qu’il y ait quelque chose comme « LE couple ».

Il y a des personnes — des amant-e-s, des amour-e-s, des ami-e-s. L’amour, c’est prendre soin de personnes, pas de relations !

Et il peut y avoir OU NON de la sexualité, ou de la sensualité — n’importe où entre juste se prendre dans les bras mutuellement et explorer une sexualité débridée qui ne serait racontable à personne. Il peut y avoir des moments où il y a de la sexualité, et d’autres pas. Des moments où c’est juste une balade en forêt en se tenant par la main, et d’autres où c’est aller dans un club libertin et trouver du plaisir à voir l’autre faire l’amour avec une, ou deux, ou trois, ou plus, autres personnes ! Tout ça dans le respect des désirs (qui changent) et des limites (qui changent) de chacun-e. Mais ça peut aussi être le simple plaisir de partager un moment à naviguer, ou visiter une expo, ou s’asseoir dans l’herbe et se raconter — sans même se toucher.

Et pourtant on peut se dire « je t’aime ». En y étant entièrement engagé et totalement dégagé. Disponible (pas « à disposition » — la disponibilité est un état intérieur…).

On peut s’écrire un mot, ou beaucoup de mots, chaque jour, ou se voir chaque semaine, ou s’écrire quand on en a envie, s’appeler ou pas, se revoir tous les trois mois, tous les trois ans, même, pourquoi pas, sans se faire aucun signe dans l’intervalle, partir en vacances, ne se voir que pour des soirées. Ne plus se voir.

Et enfin ce « je t’aime » peut (mais ne doit pas nécessairement ! Pas de nouvelle morale !) être adressé à des personnes différentes, d’ailleurs de sexe différent — et pas successivement dans notre vie : aux mêmes moments (et d’ailleurs pourquoi pas littéralement : pourquoi trois personnes ensemble ne pourraient-elles pas se dire, chacune aux deux autres, « je t’aime » - et qu’il puisse, ou non, y avoir de la sexualité ou de la sensualité, on s’en fout !!). Ne serait-ce que parce que c’est absurde de penser, ou d’exiger, qu’une seule et même personne devrait partager avec toi tout ce que tu aimes (ou toi avec elle). Un ami avec qui tu aimes aller camper dans des coins perdus, et passer la soirée près du feu en jouant du tambour et en vous racontant vos voyages, n’a peut-être pas du tout envie de t’accompagner pour une nuit avec une copine qui aime qu’on soit trois dans son lit. Et tu n’aurais pas envie qu’il soit avec toi pour une soirée chez cet amoureux avec qui c’est si doux d’être juste les deux. Mais qui à son tour se fiche pas mal de venir avec toi écouter Patti Smith en concert à trois heures de route.

Personne n’a à se sentir lésé parce que celui ou celle qui me dit « je t’aime » le dit aussi à un, une ou des autres. Ou ne le dit pas, mais le dira peut-être. Parce que ce « je t’aime » n’a toute sa force que s’il est dit par un être indépendant, que j’accueille sans le limiter. Je n’ai pas besoin de l’emprisonner dans mes rêves. Parce que ma vie est pleine sans lui ou elle. Et que j’ai confiance que où qu’ille aille, quoi qu’ille fasse, et avec qui que ce soit, je peux compter sur lui/elle (ou pas, mais c’est pas si grave !). Et je sais qu’ille ne va pas m’enfermer. Et que si des sentiments de ce genre (ou d’autres, comme la jalousie…) devaient apparaître, on pourra apprendre à en parler, dans la plus grande bienveillance, pour traverser ces entraves qui ne sont pas des signes d’amour, mais des restrictions de la vie.

C’est simple. Pas tellement de sérieux. Ou alors « le sérieux que met l’enfant à ses jeux ». Pas ces drames que nous en faisons à partir de nos peurs, de nos blessures, de nos angoisses de manque. Et pas non plus une chose tellement « importante », au point d’en faire la préoccupation centrale de la vie, dans une représentation étriquée (à la fois de l’amour et de la vie). Un jeu. À partager. Pas à limiter.

Et comme ça, il y aura toujours plus d’amour, partout. Et de joie. Et de liberté.

Impossible ? Mais là où nous sommes aujourd’hui, sur tous les plans, si nous nous en tenons au possible, nous sommes morts...
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Au cas où vous souhaiteriez échanger avec Guido sur ce sujet, il m'a demandé de faire figurer son contact : guido.albertelli@gmail.com

Et si les réflexions sur le "polyamour" vous intéressent, je vous invite à visiter le forum dont il m'a transmis le lien : http://polyamour.info. Personnellement, j'ignorais l'existence d'une communauté de réflexion sur ce sujet complexe et je trouve que les discussions de ce forum sont d'une qualité très honnête.