vendredi 15 janvier 2016

Jeudi 14 et vendredi 15 janvier 2016 – Cusco

Hier après-midi et aujourd'hui, c'était la découverte de Cusco. Je vais vous laisser apprécier en images. Personnellement j'ai A-DO-RÉ cette ville (et j'ai adoré les pisco-sour !) Elle est folle, elle est belle, elle est charmante, elle est étonnante, elle est incroyablement vivante, elle est magnifique. Un grand coup de cœur !



jeudi 14 janvier 2016

Mercredi 13 janvier – Le "grand marché" de Calca

Hier après-midi, un rayon de soleil est venu regarder mes affaires étalées sur le lit.

Quand il est reparti, j'ai vérifié et j'ai vu qu'il ne m'avait rien volé. Ouf !

Ce matin, après un démarrage très lent et un bon brin de causette avec Juanin, j'ai mis mon sac sur le dos et je suis parti à la recherche d'un nouveau café. J'ai vu qu'il y avait beaucoup d'animation au bout d'une rue et je m'y suis dirigé par curiosité. J'ai ainsi découvert le "grand marché" de Calca :
J'y suis entré. Je cherchais des fèves de cacao pour une amie. Il n'y en avait pas, mais il y avait de la pâte de cacao pur à ce stand, sur l'étagère du haut, à droite :
J'en ai pris une tablette.
Il y avait aussi un beau stand de fromage :

Des bouchers :
et des vendeurs de céréales et de fèves :
Mais je ne pouvais pas tout emporter.
L'un des stand m'a amusé, parce qu'ils y vendaient vraiment de tout, y compris des outils usagés :
Puis je suis sorti et j'ai longuement marché dans le village.
Je suis tombé sur un marchand de chaussures dont j'ai bien aimé le présentoir :
Et sur un endroit où il vendait de l'herbe à lapin en gros :

Je me suis arrêté à un croisement et je me suis appuyé contre le mur. C'était un endroit où je ne gênais pas le passage, ce qui est difficile à trouver, parce que les trottoirs sont très étroits. Je me suis arrêté là car il y avait en face de moi un drôle de bonhomme en costume qui semblait ne rien attendre. J'ai vu tout de suite qu'il m'observait, mais j'ai fait semblant de ne pas m'en apercevoir. Et moi aussi, je l'observais, l'air de rien. Je faisais mine de regarder l'animation qu'il y avait au croisement. Je faisais celui qui n'attend rien et qui n'a rien à faire. Je l'observais du coin de l'œil et je crois qu'il s'en est aperçu, mais qu'il a fait celui qui ne voyait rien. C'était un drôle de jeu auquel on jouait tous les deux. Ça m'amusait beaucoup. J'ai sorti mon appareil photo et j'ai fait comme si je voulais photographier le croisement. Mais je me suis débrouillé pour qu'il soit dans le champ, sur la gauche :
Je crois qu'il a bien vu ce que je faisais, mais il était prisonnier du jeu de celui qui ne voit rien, alors il n'a rien pu faire et moi j'ai volé sa photo.
J'ai continué à me promener dans le village. Je suis allé jusqu'au bout. Ce village a plusieurs particularités rigolotes et parmi celles-ci, il y a le fait qu'il s'arrête d'un seul coup. Tout les maisons sont à touche-touche sur deux ou trois étages jusqu'à la dernière rue ou paf ! ça s'arrête et il n'y a plus que des champs. J'étais dans le quarter des menuisiers, des mécaniciens et des vendeurs d'outils :

et dans la dernière rue, j'ai encore volé une photo de l'intérieur d'une maison et de sa petite cour dans laquelle il y avait un homme occupé à quelque chose de mystérieux :

Toutes les scènes de vie que j'ai pu voir pendant ma promenade m'ont donné beaucoup de tendresse pour ce trou perdu qui est désormais un peu moins perdu à mes yeux. Les gens d'ici sont vraiment chaleureux et je n'ai jamais eu le sentiment d'être considéré comme un "gringo" malgré ma panoplie complète de touriste et ma présence un peu inopportune au milieu de leurs activités. Je regrette beaucoup de ne pas parler espagnol. Je vais m'y mettre sérieusement un de ces jours.

mercredi 13 janvier 2016

Lundi 11 janvier 2016 – L'homme qui fume

Qu’est-ce que je fais ici ? C’est la question qui me revient depuis deux jours. Qu’est-ce que je fais à 3000 m d’altitude dans un village pauvre du Pérou où les maisons n’ont pas de chauffage, alors qu’il pleut et que le thermomètre oscille autour de 15 degrés ? Qu’est-ce que je fais dans ce pays dont je ne parle pas la langue et dont la culture est si étrangère à celles que je connais qu’il m’est difficile d’y trouver le moindre repère. Quel sens ça a ? À quoi ça rime ?

Il y a encore peu de temps, je me serais demandé « Qu’est-ce que je fais si loin de chez moi ? ». Mais je n’ai plus de chez moi, j’en ai décidé ainsi. Je n’ai plus de chez moi et je me sens perdu dans cet endroit perdu.

Je suis dans un café minuscule d’où je peux voir l’une des places du village et j’observe. Il y a deux amoureux sur un banc qui se murmurent des mots doux. Il y a deux gamins qui s’amusent avec un pneu usagé. Il y a un homme qui fume et qui semble ne rien attendre. Il y a une vieille qui mange un fruit, et si elle semble bien attendre quelque chose, elle le fait avec la patience des vieux, comme si chaque moment en valait un autre et que toutes les choses étaient égales.

Et puis il y a tous les gens qui traversent la place d’un pas plus ou moins pressé, avec des sacs plus ou moins chargés, avec des enfants, parfois, ou des chiens qui les suivent d’un air résigné. Tous ces gens-là font quelque chose, ils vont tous quelque part, et je sais où : ils vont vers les affaires de leurs quotidiens. Ils font leurs devoirs, remplissent leurs obligations, celles qui leur permettent de manger, d’avoir un endroit où dormir ou, s’ils portent de beaux vêtements, celles qui leur permettent de se sentir un peu plus importants.

Tous ces gens-là sont tenus par tout ce dont je me suis libéré. Je n’ai rien à faire pour avoir de quoi manger, je pourrai toujours trouver où dormir contre quelques billets et je me suis lassé de me donner l’air important. Avant d’avoir l’âge de la vieille femme qui mange un fruit, avant d’être indifférent à l’ordre des choses, il faudrait que je trouve le moyen de ne rien attendre, comme l’homme qui fume.


De tous les gens sur qui mon regard porte, cet homme qui fume, tranquillement, sans avoir l’air de rien attendre, cet homme est le seul pour qui le temps existe et coule à son profit. Cet homme est le seul à mes yeux qui ne soit pas perdu, c’est le seul, me semble-t-il, pour qui cette journée aura eu du sens. Il est paisible. Bien que nous soyons le matin, il sait sans doute déjà où il va dormir ce soir et ce qu’il va manger tout à l’heure. Ou bien il s’en moque. Il est encore assez jeune pour pouvoir dormir n’importe où et se nourrir de peu.


En le regardant, je me souviens de mes devoirs et de mes obligations. Je dois trouver le moyen de faire de ce village un véritable endroit. Pour le moment, il ne s’agit que d’un endroit perdu où je suis perdu. Il faudrait que je parvienne à m’y sentir chez moi. Qu’ici ou ailleurs soient toujours chez moi et que je puisse m’asseoir n’importe où, pour fumer ou non, sans avoir plus rien à attendre. Pour regarder paisiblement le temps passer, pour que toute chose ait du sens sans qu’il soit nécessaire d’en chercher un dans les obligations du quotidien. Ou ailleurs.

Je ne traverse pas cette place d’un air pressé, mais je ne suis pas encore libre. Je ne suis pas plus libre que cette femme dont la lourde charge fait ployer le dos. Pour commencer, je ne suis même pas sur cette place : je me contente de la regarder depuis la banquette de mon café minuscule.
 
La place que je vois depuis mon café minuscule

Dimanche 10 janvier 2016 – Le marché de Pisac

Nous sommes allés au marché de Pisac aujourd’hui. C’est un village situé à 20 ou 30 km de Calca où nous sommes installés. Pisac est le centre touristique de la vallée sacrée et son marché est un véritable modèle du genre. J’ai déjà eu l’occasion de voir pas mal de marchés « artisanaux » pour touristes dans les pays que j’ai visités, mais aucun n’arrivait à la cheville de celui de Pisac. C’est énorme et super coloré. Il y a une variété extraordinaire de gadgets, tapis, sacs, chapeaux, porte-clefs, etc., etc.
 
et juste à côté de ce piège à touristes, un très beau marché de fruits et légumes où les gens du coin viennent s’achalander. Nous avions presque une température d’été « normale » (sans doute près de 20 degrés) et le contraste était frappant avec la journée maussade et glaciale d’hier.
En arrière-plan, la montagne semble écraser la scène

Elles ont des chapeaux ronds, vive le Pérouheu…

Un fantasme de peintre

Une petite sieste incognito

Ça nous a fait une bonne marche (tout ça s’étend sur une surface énorme) et plein de couleurs pour les yeux. L’aller-retour entre Calca et Pisac s’est fait en bus, une occasion comme une autre de croiser des gens d’ici et de les connaître un peu mieux.

Au passage, j’ai pu observer une antenne de télévision qui se faisait squatter par des plantes parasites. La vie a beaucoup de courage, dans le coin.