jeudi 7 janvier 2016

Jeudi 31 décembre 2015 – Un nouvel an pas comme les autres

Le trajet d'avion depuis Lima vers Pucallpa n’a duré qu’une heure, mais il est suivi de trois heures éprouvantes de 4x4 sur une piste complètement défoncée.

Le début de la route vers la salva.

Nous arrivons enfin au campement del maestro Juan Flores, le chaman que nous sommes venus voir et qui nous accueille solennellement, mais très simplement. La présentation dure à peine quelques secondes par personne : on se regarde, on se sourit, on se serre la main, on échange quelques mots (quand on sait parler espagnol) et c’est tout. Le maestro disparaît. Il est seize heures et il s’agit maintenant de manger (nous n’avons pas mangé depuis le petit déjeuner) sans tarder, car nous sommes censés arriver à la cérémonie de ce soir avec le ventre libre. Nous mangeons donc, après avoir posé nos sacs dans nos « chambres » (de simples baraques ouvertes, très simples, mais assez jolies et solidement construites, avec trois ou quatre lits chacune). Nous nous lavons dans « la douche » (un aménagement sur un cours d’eau) et nous nous installons tranquillement sous la case commune.

La chambre

La douche-lavoir

Je parviens à dormir une petite heure dans les hamacs installés là dans la journée. Ce repos est bienvenu, car je suis encore en plein décalage horaire et en déficit important de sommeil (il y a eu la fête à l’hôtel au cours de la nuit précédente et je n’ai dormi que 4 heures). La fatigue du voyage en voiture n’a rien arrangé : nous étions six dans le 4x4 et nous avons dû nous relayer sur le siège avant pour nous reposer les muscles après les positions de contorsionnistes que nous devions adopter pour tenir à quatre sur le siège arrière, tout cela dans les secousses permanentes que le chemin imposait à la voiture.

Sous l’immense case commune de près de deux cents mètres carrés, le chaman revient nous voir et nous interroge à tour de rôle pour connaître la raison de notre venue, l’objectif que nous nous sommes fixé. En ce qui me concerne, l’affaire est bouclée en moins de deux minutes. Juanin parle parfaitement espagnol et il assure la traduction pendant l’entretien. Je dis au maestro que je suis à un tournant très important de ma vie, que j’ai déjà eu l’occasion de participer à des cérémonies et que je sais en quoi elles consistent. Puis je lui dis que j’attends des cérémonies à venir qu’elles me permettent d’y voir parfaitement clair dans les directions que je vais désormais suivre. Il ne demande pas de détails, il écoute en silence, sourit, hoche la tête puis me demande si j’ai autre chose à lui dire. Je réponds par la négative. Il me dit alors que « nous allons mettre bon ordre dans tout cela » et je comprends que l’entretien est terminé. Ça me va très bien. Les autres membres du groupe procèdent presque aussi rapidement à leurs entretiens respectifs.

La case commune.

Après un moment de grand calme sous la case commune, les hamacs sont repliés et les assistants du maestro disposent les tapis de cérémonie. Nous avons alors la surprise de compter plus d’une trentaine de places. Nous pensions être une dizaine, d’après les renseignements pris au moment de la réservation.

La cérémonie va commencer. Il est presque neuf heures du soir et Juanin me demande comment je me sens en ce dernier jour de l’année. Je n’y pensais plus du tout. Il y a un tel décalage entre l’ambiance dans laquelle nous sommes et celle qu’on imagine habituellement à l’occasion du 31 décembre que mon inconscient ne parvient pas à associer les deux. La case sous laquelle nous sommes pourrait aussi être qualifiée de « terrasse », car elle est largement ouverte sur les flancs. Elle est posée au bord de la rivière et, si l’on oublie le toit immense qui nous couvre, nous sommes en pleine nature.

Et en pleine Amazonie. Le groupe de constructions qui constituent le « centro ecologico naturista Amazonico Mayantuyacu » de Juan Florès est installé sur le flanc d’une grande colline abrupte, tout au long d’une piste boueuse et défoncée qui doit probablement être retaillée à chaque fois qu’une grosse pluie vient nettoyer les environs. La colline surplombe une vallée zigzagante au fond de laquelle coule une rivière brûlante (près de 100 degrés), chauffée par des remontées telluriques. La vallée baigne presque en permanence dans un nuage de vapeur qui empêche d’en distinguer les contours exacts, et cette vapeur remonte évidemment jusqu’à nous, si bien que nous sommes dans un hammam permanent. La température est quasiment constante, mais avec l’humidité, les trois ou quatre degrés qui séparent le jour de la nuit représentent une énorme différence : tout à l’heure, en arrivant, avec trente degrés humides, je ruisselais en permanence ; à présent qu’il fait nuit, avec vingt-six degrés tout aussi humides, je suis parfaitement bien, comme dans un cocon, comme dans un utérus protecteur. Cette impression est renforcée par le mur de verdure qui encercle notre position. Hormis du côté de la rivière brûlante où l’horizon est partiellement dégagé, nous sommes enfermés dans un cercle végétal qui prend des allures de muraille, avec des arbres dépassant les trente mètres de haut. L’ambiance sonore est fortement dominée par le bruit de la rivière et par un bruissement permanent d’insectes que percent des cris d’oiseaux. Il y a notamment deux perroquets très bruyants qui lancent des cris puissants et assez amusants donnant l’impression qu’ils cherchent à nous interpeller.

La rivière brûlante

Par certains aspects, j’ai le sentiment de me retrouver dans un environnement familier, car il n’y a pas tant de différence entre cet environnement et ceux que j’ai pu découvrir à Lifou ou dans la chaîne calédonienne. Mais certains signes me mettent en garde et me rappellent que je ne suis pas chez moi. La belle tarentule que j’ai pu voir au-dessus de mon lit, par exemple, ou bien les colonnes de fourmis énormes qui longent le chemin allant de notre chambre jusqu’à la salle de cérémonie et qui transportent des quantités hallucinantes de feuilles vers une destination inconnue. Je me dis en tout cas que j’avais mythifié l’Amazonie, que mon imaginaire en avait fait un monde extraordinaire et absolument étranger alors qu’il ne s’agit après tout que d’une forêt dont la plupart des essences (au moins dans cette région) sont identiques à celles des forêts que je connais déjà.

Dudule la tarentule

Plus tard, dans la soirée, la lune se lèvera dans le creux de la vallée et diffusera sa lueur à travers les nuages de vapeurs qui prennent encore plus d’ampleur dans la fraîcheur relative de la nuit. L’ambiance sera tout à fait incroyable. Mais nous n’en sommes pas encore là : pour le moment, la case est en train de se remplir et nous comprenons que cette soirée est très particulière : c’est l’occasion d’un échange. Des chamans de la toute la région, mais d’autres endroits du Pérou, se sont donnés rendez-vous ce soir pour célébrer la Plante (l’ayahuasca) et la Terre-Mère. La plupart de ces chamans extérieurs ne sont arrivés qu’en fin de soirée et repartiront juste après la cérémonie ou pendant les premières heures du matin. Voilà pourquoi il y a autant de tapis dans la salle.

Tout le monde est désormais en place. Le maestro s’installe et on se tait. Un jeune homme fait circuler un brasero empli de braises de bois sacré qui fument abondamment. Il s’arrête devant chaque personne qui s’agenouille et fait de grands gestes des mains et des bras pour attirer la fumée sur elle et la répandre sur son visage, son crâne, son torse et ses jambes. Je fais comme tout le monde, bien sûr. L’odeur de la fumée est très agréable.

Puis la distribution de l’ayahuasca commence, toujours en silence. À tour de rôle, pour chaque participant, le maestro remplit une petite coupe en bois avec le liquide sacré. Deux assistants apportent la coupe devant chacun qui s’agenouille pour la boire avec solennité.

Lorsque vient mon tour de boire à la coupe, je suis surpris par le côté pâteux de la mixture qu’on me propose. La dose est bigrement généreuse et la substance me semble très concentrée. Elle est pleine de grumeaux qui laissent un goût puissant et persistant dans la bouche, même si le deuxième assistant m’a offert un verre d’eau pour faire passer tout ça.

Une fois la distribution terminée, le groupe électrogène est arrêté et nous nous retrouvons dans le noir absolu (la lune n’est pas encore levée), à peine perturbé par les lueurs de quelques cigarettes. Car de nombreux participants fument et continueront à fumer pendant toute la soirée. Ici, le tabac fait partie des plantes sacrées auxquelles on attribue des vertus purifiantes. Tout à l’heure, j’ai partagé une cigarette avec Juanin pendant que tout le monde s’installait. C’est un tabac préparé de façon naturelle et roulé avec beaucoup de soin dans une feuille de papier assez épaisse. Le goût ressemble beaucoup à celui des Gitanes sans filtre.

Le silence est toujours complet. Je m’allonge et ferme les yeux en attendant que les chants commencent. Mais ils tardent et je suis écrasé par la fatigue. Je somnole avant de m’endormir pour de bon. Quand je me réveille, j’ai complètement perdu la notion du temps. J’entends des chants très faibles que le bruit de la rivière couvre presque entièrement. La salle est grande et les chants proviennent de l’autre bout. Je finis par comprendre que le maestro n’est pas seul à animer cette soirée. Tous les chamans qui sont là chantent à tour de rôle. Sur ma gauche, l’un d’eux a une voix très puissance et très modulée qui me rappelle fortement celle de Pìo, le chaman des cérémonies auxquelles j’ai déjà participé par le passé. Je tourne la tête vers l’extérieur et j’aperçois la lumière de la lune sur la rivière. L’ambiance est magique et je me dis que c’est une très belle façon de finir l’année.

Je me demande si nous en sommes encore au début ou déjà à la fin de la cérémonie. Il me semble qu’il est très tard, mais j’entends soudain une fusée qui monte vers le ciel dans un hurlement, puis une énorme explosion. Et puis ça recommence encore une fois. Ce double feu d’artifice tiré, je suppose, par les assistants du maître à l’occasion de la nouvelle année, est furieusement anachronique dans le décor où nous sommes. En tout cas, j’en déduis qu’il est minuit. Je ne sais pas. Je suis frustré d’entendre aussi peu la plupart des chants et d’être aussi écrasé par la fatigue. J’ai quand même l’occasion de rire quand l’un des chamans situés à l’autre bout de la case commence à jouer de la guitare et à chanter complètement faux (et avec énormément de conviction). Il me semble qu’il pratique un chamanisme grotesque. Après tout, dans certaines cultures anciennes, la relation entre le sacré et le grotesque est très étroite. Le grotesque permet de court-cicuiter les chemins de la logique. Sa façon de procéder et donc peut-être efficace, pour peu que l’on se laisse porter et emporter par son chant extravagant.

Mais je suis toujours très fatigué. Je constate que, quand je lutte contre le sommeil, je lutte aussi contre les effets de la plante sans le vouloir et que, quand je tente de me laisser aller, je m’endors tout simplement.

Alors je me rendors encore une fois et me réveille à nouveau après un temps qui m’a semblé très long. Apparemment, la plupart des participants ont terminé leur travail et la salle s’est déjà vidée de la moitié d’entre eux. Les chants ont désormais lieu au-dehors, de façon tout à fait informelle. J’ai l’impression que les chamans chantent entre eux pour se faire plaisir ou pour échanger leurs chants. Ils ne chantent plus pour ceux qui voyagent encore et je les entends à peine. Je perçois tout ça avec la tête embrumée de sommeil. Juanin me dit qu’il a passé un moment très apaisant et que cette cérémonie lui a permis de se réconcilier avec des choses qu’il portait en lui. Il me demande comment ça s’est passé pour moi. Je lui réponds que la fatigue m’a empêché de travailler comme je l’aurai souhaité, mais que j’ai beaucoup aimé l’ambiance de partage qui se dégageait du groupe. Pendant que nous parlons, une voix puissance jaillit de l’obscurité sur la gauche. C’est le chaman qui me rappelle Pìo. Je suis heureux qu’il soit encore là et qu’il ait encore le courage de chanter.

Je suis convaincu qu’il est trop tard, que tout est fini et qu’il me faudra attendre le lendemain pour vivre une cérémonie digne de ce nom, si j’arrive à bien me reposer entre temps.

C’est à ce moment-là, alors que je n’attends plus rien et que je n’espère plus rien, c’est alors que le chant de ce chaman m’attrape vigoureusement par le cœur et me propulse vers le haut à la façon de la fusée d’artifice de tout à l’heure. Ma tête explose d’un seul coup et je m’accroche à mon cœur qui monte, qui monte, qui monte pendant toute la durée du chant. Quand le chant s’arrête, j’ai peur que mon voyage s’arrête, mais non, le travail se poursuit de façon très intense. Dans ma demi-conscience, je constate que la salle continue de se vider. Je regrette qu’il n’y ait plus de chant. Alors je me mets à chanter dans ma tête et je sens que ça me fait du bien. Puis je me mets à chanter en murmurant et c’est encore mieux. Alors je chante à haute voix et je suis étonné de parvenir à reproduire un chant qui ressemble beaucoup à celui du chaman qui m’a libéré. Ça me fait énormément de bien, ça me porte pendant longtemps.

Quelqu’un vient parler à mon chaman libérateur. Je les entends qui échangent en espagnol avec chaleur et je les voie qui se serrent dans les bras. Dans ma demi-conscience, ce moment d’humanité et d’amour m'emplit de bonheur. Je suis submergé par les sensations puissantes qui se succèdent en moi. J’éclate de rire pendant que mes yeux pleurent. J’ai des moments difficiles au cours desquels des angoisses montent depuis mon ventre, me traversent le cœur et s’en vont par le haut. Alors je respire très fort, je souffle, je gémis parfois sous l’intensité de ce que j’éprouve, et j’éclate de rire à d’autres moments. Le chaman qui est toujours là s’en aperçoit et il recommence à chanter, juste pour moi, très longuement. Et quand son chant arrive à son terme, il recommence, encore et encore, pendant près d'un quart d'heure. Lorsqu’il finit enfin et finit par se lever et par s’en aller, je le remercie de tout mon cœur. Il me répond par un petit « mmmmh » très apaisant et plein de douceur.

Moi, je suis encore « en plein travail » comme on dit entre participants. Il se passe des choses extrêmement puissantes en moi. Je ne pourrais pas décrire précisément en quoi elles consistent. Une part très faible de ce qui se déroule touche ma conscience, le reste se passe en dedans, quelque part où ma conscience et ma capacité d’analyse ne peuvent pas aller. Je constate des effets physiologiques indiscutables : par moment, je halète comme sous l’effet d’une douleur intense, ou bien je suis balayé par des vagues de plaisir orgasmiques, mais ma capacité d’introspection ne va pas bien loin et il me semble que ça n’a aucune importance : le « travail » qui est en train de se faire n’a rien à voir avec mon intelligence logique ; ce que la plante soigne, ce ne sont pas mes idées, ce sont mes affects, mes émotions, mes sentiments, mes traumatismes et les traces qu’ils ont imprimées dans mon corps.

J’ai l’impression d’être tout seul sous la case. Alors je me remets à chanter pour moi-même, librement, sans plus me soucier de déranger qui que ce soit. Et pendant que je chante, j’ai l’impression d’entendre quelqu’un qui souffle et qui gémit, à quelques mètres de moi, exactement comme moi, tout à l’heure, quand mon chaman chantait pour moi. Je ne vois personne dans la salle, je ne sais pas si je suis en train d’halluciner. Mais ça n’a pas d’importance. Aux sons que je perçois (s’ils sont réels), j’ai l’impression que mon chant fait du bien à celui qui l’entend (s’il existe). Alors je continue pendant longtemps. J’improvise, je change de tonalité, j’alterne entre les graves et les aigus, en chantant très lentement et de façon répétitive. Ça me fait énormément de bien. Ces périodes de chants alternent avec des moments où je suis tellement secoué par ce qui me traverse que je suis obligé de me taire et de me concentrer sur ma respiration pour rester en équilibre. Je suis comme une paille qui flotte sur une eau agitée. Je ne crois pas que je pourrais sombrer, mais je suis drôlement secoué. Au plus fort de ce qui se produit, j’aperçois une énorme boule d’angoisse qui remonte lentement depuis mon ventre et qui me fait vraiment très peur. Elle est fibreuse et toute fissurée sur son pourtour, mais je la sens dense et très dangereuse. Je voudrais la laisser passer, je l’appelle à moi. Mais j’ai vraiment peur et j’ai soudain l’impression qu’elle est trop grosse pour que je puisse la gérer. Alors je renonce à regret et je me dis que ça sera pour une prochaine fois. Je respire fortement et elle disparaît aussi vite qu’elle était venue. Je ne sais pas si j’ai eu raison ou non de renoncer à l’affronter, mais il me semble que ça n’est pas vraiment moi qui décide de toute façon. J'ai confiance dans le processus que provoque la plante. Les choses se font comme elles doivent se faire.

Tout recommence encore et encore. Les différentes phases émotionnelles qui me traversent s’enchaînent les unes aux autres comme une roue qui ne veut plus s’arrêter. Et je pleure et je ris et je gémis jusqu’à perdre à nouveau la notion du temps. Un homme surgit soudain de nulle part et me demande si tout va bien. Je lui dis que oui. Je perçois une sorte de suplique silencieuse de sa part et je suppose qu’il est là pour surveiller la case et veiller à ce que tout le monde finisse par se coucher. Je me dis que je suis en train de l’ennuyer à rester là aussi longtemps, alors que tout le monde est parti. Je m’assois et je m’ausculte puis j’essaye de me lever. Je tiens debout, même si je vacille un peu. Il me semble que mes différentes phases émotionnelles ont déversé des torrents d’hormones dans mon sang et que je suis saoul. La moindre pensée me fait pouffer de rire et j’avance en zigzaguant. J’ai une faim d’ogre. Je vais dans le faré qui sert de salle à manger et je me jette sur le plateau de fruits qui est toujours là. Une pomme et deux mandarines me font du bien. Je me prépare du thé et je le bois d’un trait. Je me remets à chanter, tout doucement pour ne pas déranger les locataires des cabanes toutes proches qui sont sans doute en train de dormir depuis un bon moment. Je sors de la salle en chantonnant et j’admire le bout de ciel dégagé qui surplombe l’horizon. Il est merveilleusement transparent et j’arrive à percevoir des étoiles de couleur rouge et d’autres de couleur bleue parmi la nuée très fournie qui apparaît entre les nuages.

Je vais m’installer dans l’une des petites cabanes de toilette qui bordent le chemin. Pendant que je suis à mes affaires, j’entends un grand bruit sur le toit, suivi d’un froissement d’ailes. Je lève le nez et constate qu’un perroquet ara s’est installé dans le sous-toit, juste au-dessus de moi. Je suis étonné qu’il soit si proche. Mais après tout, je n’ai pas allumé la lumière et je me dis qu’il ne m’a peut-être pas vu. Je lui parle doucement sans qu’il ne réagisse, puis je tend la main pour lui toucher la queue. Il ne bronche pas. Donc, il sait que je suis là et il s’en fiche. Alors je me lève et je tire la chasse. Le perroquet se met à imiter le bruit de la chasse d’eau tout en me regardant très sérieusement dans la lumière de la lune. Je pars d’un long fou rire. Je me demande quel message il a tenté de me transmettre.

J’ai le sentiment que la nuit et le monde m’appartiennent entièrement. Saisi d’une nouvelle fringale, je monte jusqu’à notre chambre afin d’y récupérer un sachet de graines et de fruits secs puis je retourne les déguster dans la salle à manger où je me ressers un thé pour les accompagner. L’effet de l’ayahuasca et de ce qu’elle a produit en moi est en train de se dissiper progressivement et je marche droit, à présent. Je me sens incroyablement bien, plein de vigueur et de joie et dans une forme physique à tout casser. Il me faut encore une bonne demi-heure avant de me décider à aller me coucher. Il est sans doute près de cinq heures du matin, le jour est sur le point de se lever quand je m’endors enfin. L’année 2016 vient de commencer.

2 commentaires:

  1. Voilà une bien belle manière de finir et redémarrer une nouvelle année ! Symboliquement, en lâchant de vieilles choses, émotions, peurs et tu te retrouves tout neuf ; merveilleuse année à toi, je te la souhaite riche d'émotions et de joie.

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